Soizic CROGUENNEC


Agrégée d’histoire – Post-doctorante
Université Toulouse 2 Jean Jaurès – FRAMESPA
 

 

Parcours universitaire et expérience professionnelle

2012-2015 : Professeure d’histoire et géographie dans l’enseignement secondaire
2011-2012 : ATER d’histoire moderne à l’université de Bordeaux 3
2009-2011 : Membre de l’EHEHI – Casa de Velázquez
2006-2009 : ATER d’histoire moderne à l’université de Toulouse 2
2006-2011 : Thèse réalisée sous la direction de Monsieur Michel Bertrand Les sociétés minières du Centre-Nord de la Nouvelle-Espagne au XVIIIe siècle. Construction et évolution d’un monde métis  (université de Toulouse 2 _ FRAMESPA)
2006 : Agrégation d’histoire

Bourses

2007-2010 : Participation au projet ECOS – ANUIES dirigé par Leonor LUDLOW (Investigaciones Históricas – UNAM) et Zacarías MOUTOUKIAS (Université Paris 7 Diderot)
2007 : Boursière de l’EHEHI - Casa de Velázquez 

Recherche en cours : 

A la croisée des empires : bouleversements géopolitiques et construction d’une société composite en Louisiane espagnole (1763-1803)

Après cinq années de travail sur les sociétés minières zacatecanas, j’ai choisi de réorienter mes travaux dans une perspective plus comparatiste pour confronter les différentes entreprises coloniales. Dans ce nouveau projet, l’espace social considéré demeure le même et se concentre sur les plèbes urbaines, leurs stratégies, leurs réseaux, leurs discours. De même, la perspective micro-historique continue à occuper une place essentielle pour faire ressortir les dynamiques de la société coloniale de frontière. De fait, les principales évolutions se traduisent par la redéfinition de l’espace géographique considéré. Ici, le regard se déporte du Centre-Nord vers les confins de la Nouvelle-Espagne, les limites maximales de l’expansion de l’empire espagnol vers le Nord Est et le Golfe du Mexique pour englober un espace frontalier, la Louisiane, qui connaît de profondes mutations au cours du XVIIIe siècle. 

A l’origine de ces glissements se trouve tout d’abord le désir de poursuivre l’analyse des sociétés de frontière effleurée dans ma thèse et de continuer à confronter « grande histoire » et « petite histoire », évolution de la carte de l’Amérique coloniale au XVIIIe siècle et « histoire à ras du sol » pour reprendre l’expression de Jacques Revel. En effet, le but est d’analyser l’impact réel sur le quotidien des catégories populaires des mutations politiques et juridiques à l’œuvre lors des échanges de vastes territoires coloniaux dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle. 

Dans ce grand jeu d’échange de territoires et de reconfiguration de la frontière entre les trois empires coloniaux, la Louisiane constitue un terrain d’étude fascinant à plusieurs égards :
La Louisiane, un véritable « cadeau empoisonné » si l’on reprend l’expression utilisée par Alfredo Jiménez3, a tout d’abord été l’objet de luttes entre les colons français, installés en 1673, et les ambitions espagnoles de mettre fin à la présence étrangère sur le Golfe du Mexique. De fait, lorsque la période espagnole – qualifiée d’interrègne – débute en 1763, c’est une ancienne convoitise qui se trouve enfin satisfaite. Il est ainsi intéressant de voir quel est l’impact de cet ajout, combiné à la perte de la Floride, dans la reconfiguration de la Frontière Nord de la Nouvelle-Espagne, des réseaux militaires et commerciaux, licites et illicites. Comment l’administration intègre-t-elle et impose-t-elle un tel changement ? Comment les populations de ces zones frontalières s’adaptent-elles ? En d’autres termes, il s’agit d’analyser comment la reconfiguration de la carte coloniale décidée en raison des événements européens (guerre de Sept ans et traité de Paris en premier lieu) se traduit dans la vie quotidienne des populations locales. 

Un dernier aspect intéressant de la région en vue d’une analyse dans le cadre de l’empire colonial espagnol est le statut changeant de cette zone de confins. En effet, jusqu’en 1763, la Louisiane se trouve « de l’autre côté » de la frontière : les échanges avec les Français sont illégaux, les territoires sont convoités par les Espagnols aux yeux desquels l’intrusion française sur la côte du Golfe du Mexique n’est pas acceptable. A partir de 1763, et jusqu’en 1803, de territoire frontalier étranger, la Louisiane devient un territoire frontalier appartenant à l’orbite de la Nouvelle-Espagne. De fait, avec ces changements d’allégeance, en 1763 puis en 1803, c’est tout l’imaginaire de la frontière qu’il convient d’examiner.

Le principal but est de replacer cette étude dans le cadre des études sur la notion de frontière sur le continent américain, un terrain particulièrement fécond ces dernières années. Frontière entre plusieurs empires, la Louisiane est également un espace de confins, éloigné des centres de pouvoir. Plus qu’une ligne, la frontière doit être comprise comme un espace mouvant en fonction des aléas politiques, démographiques et économiques, théoriquement rattaché au territoire de la Nouvelle-Espagne, mais dont la faible densité du peuplement et de l’encadrement colonial est créatrice d’opportunités individuelles – de l’enrichissement personnel à la recherche d’un refuge en passant par la réinvention identitaire – et de dangers – menace indienne, guerre entre Espagnols et Britanniques – qui contribuent à façonner des comportements particuliers. En d’autres termes, il s’agit de se pencher sur une expérience impériale considérée comme un échec pour la réexaminer non seulement sous l’angle des stratégies d’ajustement et d’adaptation de la part de la Couronne espagnole pour contrôler ce vaste territoire frontalier mais aussi et surtout en considérant l’agency des populations à travers le déploiement des réseaux et des stratégies de la part des différents acteurs. La confrontation de la documentation administrative – correspondance, demandes de passeports, législation – et de la documentation du quotidien – sources judiciaires et notariales – doit permettre de mieux comprendre le fonctionnement d’une société de confins dans le cadre d’un empire colonial espagnol en pleine recomposition.

Publications

Articles dans des revues à comité de lecture
- « El caso de la desaparición misteriosa de María de los Dolores Gallegos (1731): Amor, amistad y rivalidad en las plebes urbanas del Centro Norte de la Nueva España en el siglo XVIII » dans Procesos Históricos. Revista de Historia y Ciencias Sociales, 28, julio-diciembre, 2015, 20-38.
- « Le cas Ambrosio de Silva ou les investissements hasardeux d’un mulâtre à Zacatecas au milieu du XVIIIe siècle » dans Mélanges de la Casa de Velázquez, 44 (1), 2014, p. 215-235.
- « Les évolutions de l’américanisme toulousain depuis les années 1980 » dans Caravelle, numéro 100, Presses Universitaires du Mirail, juin 2013, p. 171-194.
- « Between marginalization and integration: colonial castas in the Zacatecas area at the beginnings of the 18th century » dans Jahrbuch für Geschichte Lateinamerikas, numéro 48, 2011, p. 203-226.
-  « Un bricolage méthodologique à la croisée des disciplines » dans L’ordinaire latino-américain, numéro 214, 2011, p. 17-36.

Ouvrages
- Sociétés minières et monde métis en Nouvelle-Espagne au XVIIIe siècle, Madrid, Éditions de la Casa de Velázquez, 2015.

Participations à des ouvrages collectifs
- « Croyances, superstitions et orthodoxie religieuse dans une société métisse (Zacatecas, XVIIIe siècle) » dans Pierre Ragon (dir.), Nouveaux chrétiens, nouvelles chrétientés dans les Amériques, Paris, Presses Universitaires de Paris Ouest, 2014, p. 171-187.
- « Le temps des métissages : circulations, contacts, échanges et hybridations des sociétés » dans Guillaume Hanotin (dir.), La Péninsule Ibérique et le Monde des années 1470 aux années 1640, Paris, SEDES, 2013, p. 141-170.

Mots-clés

Louisiane Espagnole / Frontière / XVIIIe / Réseaux / Identités / Empires

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30/06/2024 - Français