CONTRAT DOCTORAL DE RECHERCHE PAR LE PROJET
Clément VERGER
Casa de Velázquez- Université Paris Saclay (Dir. : Gregory Quenet)
En partenariat avec le FRAC Picardie dans le cadre du Plan de relance
RÉSUMÉ DU PROJET DE RECHERCHE PAR LE PROJET
TITRE DU PROJET DE RECHERCHE : Circumnavigations
Clément Verger est un artiste français dont le travail questionne l’apparente naturalité des paysages qui nous entourent à l’époque de l’anthropocène.
Amorcé en 2016, Circumnavigations est un ensemble de travaux au long cours articulé en trois volets, qui traitent de l’influence des voyages du Capitaine James Cook sur le paysage mondial. Chacune de ses trois expéditions devient le sujet de cas d’étude sur le transport et l’implantation d’espèces dans le monde. I.ENDEAVOUR, II.RESOLUTION et III.DISCOVERY, font référence respectivement aux trois navires composant l’ensemble des circumnavigations de James Cook.
Comment rendre visibles les effets de la circulation globale des espèces et de la colonisation par les plantes qui caractérisent la modernité ? C’est la problématique de ce doctorat par le projet qui suppose une compréhension fine des dynamiques environnementales et anthropologiques à l’œuvre et une réflexivité poussée sur les opérations figuratives qui peuvent rendre compte de ce qui n’apparaît pas dans les sources historiques.
Les objectifs scientifiques de ce travail sont triples. D’abord, produire par la recherche artistique et la figuration ce qui ne peut être établi par le travail historien, et donc parvenir à une visibilité augmentée répondant aux trois biais identifiés. Ensuite, créer des œuvres et des installations qui évitent de répéter les figures des mises en récit disponibles. Enfin, les expositions qui seront réalisées visent à éclairer le contemporain dans ce qu’il a de plus mystérieux et exploratoire. La stratégie pour les atteindre s’appuie sur un projet cœur - Circumnavigations - et des cas d’études périphériques qui viennent l’enrichir.
[Description détaillée du projet en bas de page]
PARCOURS ACADEMIQUE
2021-2024 : CDU Casa de Velázquez- Université Paris Saclay (Dir. : Gregory Quenet) - En partenariat avec le FRAC Picardie dans le cadre du Plan de relance
2009-2011 : University of Westminster, Master in Photographic Studies, Londres
2006-2008 : ENSAAMA Olivier de Serres, BTS, Paris
RESIDENCES
2018-2019 : Membre artiste à l’Académie de France de Madrid, Casa de Velázquez
2019 : Résidence Cuarto Pexigo, à Saint Jacques de Compostelle, Espagne
2017-2018 : Résidence à la Cité Internationale des Arts, Paris
2016-2017 : Résidence The Independent AIR, Portugal
2012-2013 : Résidence Générateur de la Galerie RX, Ivry
2008-2009 : Programme Européen Leonardo da Vinci, Londres
BOURSES ET PRIX
2021 : Aide à la photographie documentaire contemporaine du CNAP
2021 : Sélection au prix Transverse, ADGP & Freelens
2020 : Prix du Tirage, CIPGP collection Florence & Damien Bachelot
2019 : Nomination Prix Pictet HOPE
2018 : Aide à la photographie documentaire contemporaine du CNAP
2016 : Nomination Prix Pictet SPACE
2015 : Shortlisted Prix Camera Clara
2013 : New York Times, Portfolio Reviews, New York
2007 : Shortlisted, Adobe Achievement Awards, San Francisco
EXPOSITIONS INDIVIDUELLES
2019 : ENDEAVOUR, El Eucalipto, un Caso de Estudio, PHE19, Jardín Botánico, Madrid
2018 : Correspondance #2, Cité internationale des Arts, Paris
2015 : Landscape Studies, Musée de Minéralogie de l'école des Mines de Paris
2015 : Landscape Studies, Galerie Rivière Faiveley, Paris
2014 : Etudes de Paysage, Générateur Galerie RX, Ivry-sur-Seine
EXPOSITIONS COLLECTIVES
2020 : Itinérance, Académie des Beaux Arts, Paris
2020 : Paysages-présages, 6B, Saint-Denis
2020 : Geografias Plasticas #1, les rétrospectives de la Casa de Velázquez, Madrid
2019 : La Fin des Forêts, Festival ¡Viva Villa!, Collection Lambert, Avignon
2019 : Itinérance, Casa de Velázquez, Madrid
2019 : Mois de la Photo OFF, Eclipse Studio LAK Paris
2019 : Portes Ouvertes, Casa de Velázquez, Madrid
2018 : Estampa Art Fair, et ARCO art fair, Madrid , Barcelone
2017 : Urbanautica & MedPhoto, Endeavour, Crète
2017 :We Can Stay Here While We Wait, Aarhus Capitale Européenne de la Culture
2017 : Liquid Landscapes, 280A, Vienne, Autriche
2015 : Thank Who, curateur, Photobookfest, Paris Photo
2015 : Dans Quelle Vie tu Monde, la RATP, Station Europe, Paris
2014 : Galerie Rivière Faiveley, Autres Horizons, Paris
2012 : Remaining Lights, Santorini International Biennale of Arts, Grèce
2011 : MAPS 2011, P3 Gallery, Londres
2011 : Interim Show, West Gallery, Londres
2007 : Paris Pop Art, galerie Talmart, Paris
2007 : Made in Paris, Réfectoire des Cordeliers, Paris
EDITON & PUBLICATIONS
2019 : Catalogue Viva Villa, La Fin des Forêts, Collection Lambert
2019 : Catalogue Casa de Velázquez, Membres Artistes 2018-2019
2019 : Catalogue PhotoEspaña 2019
2017 : 280a, LIQUID LANDSCAPES, publication collective
2017 : We Can Stay Here While We Wait, Voices in the Anthropocene, publication collective
2014 : Land of the Atom, self published, présenté au Bal et à la Tate Modern 2013/2018. La fabrique du regard Le BAL, publications des réalisations d’ateliers
RECHERCHES EN COURS
Circumnavigations. Une exploration de la globalisation par les plantes
Clément Verger est un artiste français dont le travail questionne l’apparente naturalité des paysages qui nous entourent à l’époque de l’anthropocène, mixant production artistique et protocole scientifique dans une démarche fondée sur la recherche. Ses projets se construisent comme autant d’outils d’analyse des complexes ramifications de l’influence de l’homme sur son environnement.
Amorcé en 2016, Circumnavigations est un ensemble de travaux au long cours articulé en trois volets, qui traitent de l’influence des voyages du Capitaine James Cook sur le paysage mondial. Chacune de ses trois expéditions devient le sujet de cas d’étude sur le transport et l’implantation d’espèces dans le monde. I.ENDEAVOUR, II.RESOLUTION et III.DISCOVERY, font référence respectivement aux trois navires composant l’ensemble des circumnavigations de James Cook.
Dans l’orbite de Circumnavigations viendront se greffer un ensemble de projets satellites gravitant autour de la relation entre l’expansion maritime et la colonisation par les plantes. Ces recherches interrogeront les prémices de la globalisation et son lien indissociable avec la transformation du paysage.
Comment rendre visibles les effets de la circulation globale des espèces et de la colonisation par les plantes qui caractérisent la modernité ? C’est la problématique de ce doctorat par le projet qui suppose une compréhension fine des dynamiques environnementales et anthropologiques à l’œuvre et une réflexivité poussée sur les opérations figuratives qui peuvent rendre compte de ce qui n’apparaît pas dans les sources historiques. Le moment retenu est celui où le transport et l’implantation d’espèces deviennent une politique impériale systématique à l’échelle globale : les circumnavigations du capitaine Cook ouvrent cette ère dont les effets se prolongent jusqu’à aujourd’hui et constituent un répertoire d’actions et d’imaginaires susceptible d’être réactivé par une nouvelle phase de conquête spatiale, la colonisation d’autres planètes étant vue comme une réponse aux transformations du système-Terre.
L’état de l’art sur la circulation des espèces est considérable et bien établi, du côté de l’histoire des sciences qui a montré les dispositifs de commensurabilité permettant l’acclimatation et la « machine coloniale » (McClellan et Regourd, The Colonial Machine, 2012), du côté de l’histoire environnementale qui a révélé le choc écologique et les dégradations écologiques causées par l’expansion européenne (Crosby, The Columbian Exchange, 2003). Cependant les sources historiques et l’écriture de l’histoire buttent sur un triple problème de visibilité. Premièrement, la rencontre avec une autre nature et une autre culture apparaît toujours insaisissable car il est impossible de vivre ce moment dans des récits qui sont toujours élaborés après et mettent en forme l’importance de ce qui se passe en connaissant les effets postérieurs : ce qui échappe c’est la réduction du choc à la banalité produit par la projection d’un bagage culturel européen sur des espaces non familiers, produisant du nouveau par du connu (Grove, Green Imperialism. Colonial Expansion, Tropical Island Edens and the Origins of Environmentalism, 1995, et Quenet, Protéger le jardin d’Eden ,2013). Deuxièmement, les effets d’hybridation sont invisibilisés par deux types de grands récits, en miroir l’un de l’autre, celui du triomphe impérial sur une nature décrite, appropriée et marchandisée, celui de l’échec de la domination conduisant à la perte de contrôle et aux destructions écologiques: ces deux figures narratives ne rendent pas compte des effets de métissage écologique, créant de nouvelles natures qui sont rapidement considéréescomme autochtones alors qu’elles sont le fruit de ce qui est appelé, dans d’autres circonstances, des espèces invasives. Troisièmement, l’articulation entre la pluralité des temps s’avère impossible car l’événement produit la structure de la conjoncture tandis que chaque participant de la rencontre mobilise son propre système de temporalité, auquel s’ajoute le temps de l’anthropologue et de l’historien (Sahlins, Des îles dans l'histoire, 1989): il est donc bien plus facile d’imaginer le paradis et l’enfer de la circulation des plantes, plutôt que la façon dont ces processus ont colonisé l’ordinaire des vies jusqu’à aujourd’hui. A cet égard aussi, les navigations du capitaine Cook ont une dimension paradigmatique parce qu’elles ont donné lieu, non seulement à une littérature très abondante, mais à une des polémiques les plus célèbres et violentes des sciences sociales, entre Marshall Sahlins et Gananath Obeysekere montrant que, des mêmes sources, il était possible d’élaborer des interprétations irréconciliables.
Les objectifs scientifiques de ce travail sont triples. D’abord, produire par la recherche artistique et la figuration ce qui ne peut être établi par le travail historien, et donc parvenir à une visibilité augmentée répondant aux trois biais identifiés. Ensuite, créer des œuvres et des installations qui évitent de répéter les figures des mises en récit disponibles, ce qui suppose une grande réflexivité et l’acquisition de méthodes en sciences sociales: il serait facile de montrer que nombre de représentations artistiques de la circulation globale des espèces ont reproduit les figures solidaires du paradis et de l’enfer au lieu de faire bouger les lignes. Enfin, les expositions qui seront réalisées visent à éclairer le contemporain dans ce qu’il a de plus mystérieux et exploratoire : à l’heure où l’espèce humaine consomme plusieurs planètes, la tentation de quitter la Terre et de renoncer à la partager est de plus en plus forte : géoingénierie, relance de la conquête spatiale et capitalisme sans limites (Latour, Où atterrir ? Comment s’orienter en politique, 2017) installent un nouvel imaginaire de colonisation de la nature qui retravaille des formes anciennes.
La stratégie pour les atteindre s’appuie sur un projet cœur - Circumnavigations - et des cas d’études périphériques qui viennent l’enrichir.