Las Herrizas (Alcalá de los Gazules, Cádiz)
Un oppidum turdule de l’époque républicaine
Le site de Las Herrizas, qui domine le lac de barrage du Río Barbate, dans le sud de la commune d’Alcalá de los Gazules (Cádiz), a été découvert à la fin des années 1950, avant de tomber dans l’oubli pendant plus d’un demi-siècle. Des prospections réalisées en octobre 2024 ont révélé une ressemblance frappante avec l’oppidum de Bailo (La Silla del Papa, Tarifa), situé 30 km plus au sud sur la côte du détroit de Gibraltar. Dans les deux cas, le site choisi s’organise autour d’un affleurement linéaire de roche tendre dans lequel s’ancrait un habitat semirupestre. Deuxième point commun, l’apogée des deux établissements se situe à l’époque républicaine (IIe et Ier siècles a.C.) et ils sont abandonnés à l’époque d’Auguste. Avec une superficie ne dépassant pas un hectare et demi, Las Herrizas était une agglomération secondaire qui, selon toute probabilité, appartenait au territoire de la cité de Lascuta, d’où un troisième point commun : Lascuta faisait partie avec Bailo d’un petit groupe de cités qui frappèrent à l’époque républicaine des monnaies dites « libyo-phéniciennes », à légende bilingue latine et néopunique.

Le premier objectif du projet est d’examiner l’étendue de ces ressemblances, en posant l’hypothèse d’une parenté de peuplement et d’un fonctionnement en réseau. Le deuxième objectif touche à l’histoire de la conquête romaine. Dans un célèbre décret de 189 a.C., Paul-Émile libère de leur statut servile les habitants de Turris Lascutana, un oppidum qui comme son nom l’indique dépendait de Lascuta. Las Herrizas, par sa localisation, ses dimensions et la chronologie de son occupation, fait partie des sites susceptibles d’être identifiés comme la Turris Lascutana. À défaut d’une identification certaine que seule autoriserait une hypothétique découverte épigraphique, l’étude du site de Las Herrizas apportera des informations précieuses sur l’organisation et le fonctionnement d’une communauté du même type.
La première étape du projet consistera en une étude non invasive de l’agglomération et de son environnement immédiat, avec des prospections pédestres et l’enregistrement tridimensionnel des aménagements semirupestres (logements de poutres, citernes, escaliers etc.), par photogrammétrie, scanner LiDAR et drone.

