^{Vue du patio de la Casa de Velázquez}

L’essence même d’un séjour en résidence se joue bien souvent du côté de l’intime. Un temps pour soi, avec soi et face à son travail permettant à chacun de rééxaminer son approche, d’explorer de nouvelles voies ou d’affirmer des orientations qui marqueront durablement les productions à venir. Pendant des mois, la résidence se fait laboratoire : tout s’y façonne, tout s’y transforme, tout s’y révèle. Alors quand vient le moment du dévoilement, c’est tout naturellement l’écho d’une joie collective – celle de l’aboutissement et de la culmination – qui s’empare de la Casa de Velázquez et qui marquera ce mois de mai.

Ainsi, ce sont trois grands événements qui, ce mois-ci, mettront particulièrement à l’honneur le travail de nos résidents, comme autant de rendez-vous incontournables pour célébrer la vitalité de la recherche et de la création au sein de notre institution.

Nous nous retrouverons le 22 mai au Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía pour un événement exceptionnel qui réunira artistes et chercheurs autour du thème du déplacement. Conçu comme une journée de rencontres et de réflexion, Desplazarse. Pensar el desplazamiento desde la investigación y la creación, a pour ambition de redessiner les contours de la réflexion – entre tables-rondes, performances et interventions participatives – afin de construire ensemble de nouvelles perspectives de pensée autour d’une des grandes questions de notre temps. Sur invitation uniquement, cet événement a été conçu en lien étroit avec la marraine de notre promotion actuelle de chercheurs : l’essayiste et professeure en histoire de l’art à l’Universidad Complutense de Madrid, Estrella de Diego.

Autre grand moment : le vernissage, le mercredi 28 mai à 20h00, de l’exposition de fin de résidence des artistes de l’Académie de France à Madrid. S’ils continueront de développer leurs projets à la Casa de Velázquez jusqu’à la fin du mois de juillet, l’heure est venue de dévoiler au public les pièces les plus représentatives de ces dix mois de travail et d’immersion en péninsule Ibérique. Sous le commissariat de Claude Bussac, directrice des études artistiques, l’exposition se déploiera en un parcours qui fera la part belle aux expressions individuelles autant qu’aux connexions entre chacun, preuve de l’élan collectif qui caractérise si bien la résidence à la Casa de Velázquez. Habiter le temps – titre aussi puissant que poétique – sera ensuite visible en accès libre jusqu’au 13 juillet prochain.

Enfin, pour conclure cette série d’événements, nous nous retrouverons le jeudi 29 mai, à 19h30, à l’Institut français de Madrid pour notre concert annuel. La soirée sera construite comme un parcours musical centré sur le travail de Fernando Fiszbein, compositeur argentin actuellement en résidence à la Casa de Velázquez. Interprété par le quatuor Voce et le guitarriste Pablo Márquez, le programme sera composé de trois pièces qui seront chacune commentée par le compositeur, en dialogue avec le public.

Du côté de notre programmation de rencontres scientifiques, trois rendez-vous qui s’annoncent passionnants : une journée d’étude intitulée Le traité de Vienne (1725), un tournant diplomatique ? qui se propose de renouveler les connaissances et la compréhension de la paix de Vienne ; le congrès Feluses y precintos como fuentes para la comprensión del proceso de conquista, arabización e islamización de al-Andalus qui vise à mieux comprendre l'implantation des populations et les dynamiques de pouvoir en croisant histoire, archéologie, sigillographie et numismatique ; et un cycle de tables rondes intitulé De la Dama de Elche a los labios de Mae West: la mujer y el museo qui interrogera la représentation des femmes dans les musées en explorant les politiques, les évolutions et les enjeux sociétaux liés à leur présence ou leur absence.

En résumé, un programme à ne surtout pas manquer, reflet de la transversalité et du dynamisme de notre institution, auquel vient s’ajouter une autre annonce : le lancement de l’appel pour notre contrat doctoral artistique de recherche par le projet qui, cette année, se construit autour d’un partenariat avec l’EUR Arts et Humanités d’Université Côte d’Azur. Les candidats à cet appel 2025-2028 ont jusqu’au 23 juin pour déposer leurs dossiers. 

Nancy BERTHIER
^{Directrice de la Casa de Velázquez}

Les Philippines, à l’extrême occident de l’empire espagnol, offrent un laboratoire idéal pour étudier l’impact de la distance sur la monarchie hispanique. La documentation révèle une diversité d’acteurs (soldats, religieux, magistrats) engagés dans le commerce du Galion de Manille, échangeant lettres et rapports. Entre grands axes impériaux et routes interlopes, leurs déplacements reflètent un système marqué par l’incertitude et l’adaptation constante face aux aléas de la distance.

À pied, de la Sierra de Guadarrama au Tage, l'autrice, ancienne résidente de l'Académie de France à Madrid 2022/23, a traversé Madrid à la rencontre du monde sauvage. Elle a croisé ruisseaux, aigle, chênes… Écouter le vivant, même discret, questionne notre lien à la nature et la place qu’on lui laisse en ville.