Coord. : Didier BOISSEUIL, Christian RICO
Org. : École française de Rome, École des hautes études hispaniques et ibériques (Casa de Velázquez, Madrid), UMR 8589 (LAMOP, Paris)
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Lieu de célébration :
École française de Rome
Piazza Navona, 62
Roma
Présentation
Les lieux des échanges et du stockage
Le marché des matières premières n’a jusqu’alors pas fait l’objet d’une réflexion approfondie de la part des historiens et des archéologues, alors que ce sont des produits qui ont joué un rôle important dans l’économie des sociétés anciennes – comme dans celle des sociétés contemporaines. Seuls certains matériaux ont été étudiés (comme les métaux, les pierres, etc.), mais la plupart restent négligés (parfois faute de sources documentaires adaptées). Surtout, l’étude comparative des conditions de circulation et des modalités d’échange – nécessaire afin de mieux cerner les modes sociaux d’organisation des marchés –n’a jamais été entreprise à l’échelle du bassin méditerranéen et pour une ample séquence chronologique (de l’Antiquité romaine au Moyen Âge tardif).
C’est ce que nous voudrions tenter au cours de ce programme commun à l'École française de Rome et à la Casa de Velázquez. La première rencontre, organisée à Rome, se concentrera sur les lieux d’échange et de stockage (notamment les magasins, les entrepôts, les routes…), en confrontant dans une perspective pluridisciplinaire différents dossiers documentaires, retenus pour leur singularité ou leur exemplarité. Cette rencontre bénéficie du soutien du LAMOP (UMR 8589), du département d’Archeologia e conservazione dei beni archeologici de l’università di Venezia.
Résumé
Le premier atelier du programme « Le Marché des matières premières (Antiquité – Moyen Âge) » s’est tenu à l’École française de Rome les 25 et 26 octobre 2013. Présidé par Catherine Virlouvet, directrice de l’ÉfR, il a réuni une vingtaine de participants, parmi lesquels Danielle Arribet-Deroin (LAMOP), Marie-Brigitte Carre (CCJ) et Catherine Verna (université de Paris 8) qui ont contribué grandement aux débats.
En avant-propos, les organisateurs de l’atelier ont tenu à rappeler les principales questions induites par l’étude du marché des matières premières :
1. Quels sont les lieux d’échange des matières premières ? Il semble bien qu’au contraire des produits manufacturés, les matières premières apparaissent peu sur les marchés ‘classiques’ (agora, fora, marchés urbains médiévaux). Elles semblent échangées principalement dans les emporia, les ports, lors des foires… ou circulent parfois entre leurs ‘lieux de production’ et leurs ‘lieux de consommation’ (entrepôts urbains notamment), avec ou sans intermédiaires.
- Quels sont les documents, les moyens qui permettent d’étudier, d’identifier les lieux d’échange des matières premières ?
- Sont-ils particuliers ? Sont-ils distincts des lieux de stockage des matières premières ?
- Sont-ils caractérisés par une forme (notamment des structures adaptées), une organisation (accessibilité, circulation…), une taille particulière ou bien sont-ils indifférenciés, semblables aux autres lieux de marchés (utilisés pour des denrées alimentaires notamment) ?
- Sont-ils permanents/temporaires, exclusifs/polyvalents ? N’observe-t-on pas sur un même lieu, l’échange de plusieurs matières premières ? Certains lieux sont-ils fréquentés durablement entre Antiquité et Moyen Âge ?
- Existe-t-il une distinction entre les lieux d’échange destiné au ‘marché de gros’ et au ‘marché de détail’, entre ceux qui concernent des ‘matières premières rares’ ou au contraire des ‘matières premières communes’ ?
- Où se trouvent-ils ? Y a-t-il un lien entre le lieu d’échange (voire du stockage) et le lieu de production ou de consommation des matières premières ?
2. Comment, d’autre part, est géré, contrôlé le lieu d’échange ?
- Est-il géré/administré par les acteurs de l’échange eux-mêmes ?
- Est-il contrôlé par une autorité à caractère public : magistrature urbaine, pouvoir seigneurial, officier d’État ?
- Quelles sont les normes (si elles existent) qui contribuent à la gestion du site (plus que l’échange en lui même – i.e. les transactions – que nous aborderons lors d’une prochaine rencontre) ? Sont-elles particulières pour les matières premières ou au contraire communes à d’autres produits ? Ont-elles une matrice commune ?
3. Dès lors:
- peut-on établir une typologie des lieux d’échange des matières premières ?
- Peut-on percevoir une géographie des lieux d’échange des matières premières ?
- Perçoit-on la mise en place de réseaux de lieux d’échange à différentes échelles ? Voire une hiérarchie des lieux d’échange ?
Les questions sont donc nombreuses. Nous ne parviendrons probablement pas à leur donner une réponse complète ou définitive. Mais la confrontation de plusieurs cas d’étude particuliers pendant ces deux journées doit nous donner les moyens de valider, enrichir notre approche, d’approfondir notre connaissance des lieux d’échange. Elle devrait, dans la perspective, au terme, en 2015, des trois ateliers/séminaires programmés, nous aider à établir une définition la plus précise possible de ce marché particulier, qui n’a, à notre connaissance, jamais été tentée auparavant.
Elle devrait donc nous aider à mieux construire les singularités ou au contraire à souligner l’absence de singularité de ce marché, par rapport au marché d’autres produits. A-t-il ses règles propres, ses structures et ses acteurs spécifiques ? Faut-il, distinguer par matière première à différentes échelles, des marchés – comme cela a pu être observé pour d’autres commodities – ou bien au contraire, peut-on percevoir l’existence d’un marché unifié pour certaines matières, au cours du long millénaire, à différents moments de ce long millénaire que nous comptons analyser ? Enfin, peut-on construire un modèle idéal du marché des matières premières qui tienne compte des différents paramètres que nos travaux permettront d’identifier ?
Les différents dossiers qui seront présentés lors de ce premier atelier apporteront peut-être déjà quelques éléments de réponses. La mise en parallèle d’autre part, plus que la comparaison, d’expériences relevant d’époques et de civilisations différentes (grecque, romaine, médiévale) pourrait être à même de permettre à celles-ci de s’éclairer mutuellement. L’approche est inédite, ou presque, et par là même elle est stimulante. C’est pourquoi il faut remercier encore une fois les collègues qui ont répondu présents à cette première rencontre et accepté de jouer le jeu.
Programme
VENDREDI 25 OCTOBRE
9h
Catherine VIRLOUVET
École française de Rome
Laurent CALLEGARIN
École des hautes études hispaniques et ibériques (Casa de Velázquez, Madrid)
Accueil des participants
Didier BOISSEUIL
Université François Rabelais-Tours (CESR)
et Christian RICO
UMR 5608 (TRACES, Université de Toulouse II)
Avant-propos
Sauro GELICHI
Università Ca’ Foscari di Venezia
Archéologie et marché des matières premières : difficultés et enjeux
Présidence
Catherine VIRLOUVET
École française de Rome
LES LIEUX D’ÉCHANGE DES MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION
Oliva RODRÍGUEZ GUTIÉRREZ
Université de Séville
Materiales para la construcción en los procesos de monumentalización de las ciudades romanas de Hispania. Aspectos metodológicos y casos de estudio
Discussions
Evelyne BUKOWIECKI
IRAA, CCJ, DAI Berlin-Rome (Topoi)
Réflexion en cours sur l’approvisionnement des chantiers de la Rome impériale
Discussions
14h30
Présidence
Catherine VERNA
Université de Paris VIII
LA CIRCULATION DES MÉTAUX
Enrique GARCÍA VARGAS
Université de Séville
Trafic des métaux et réseau portuaire dans le Bas-Guadalquivir entre la République et l’époque julio-claudienne (125 av. J.-C. – 64 apr. J.-C.)
Discussions
Florian TÉREYGEOL, Guillaume SARAH, et Bernard GRATUZE
UMR 5060 (IRAMAT, Université Bordeaux III)
D'argent, de verre et de plomb : maximisation de la production et économie de pénurie dans les mines de Melle au haut Moyen Âge
Discussions
SAMEDI 26 OCTOBRE
9h30
Présidence
Sauro GELICHI
Università Ca’ Foscari di Venezia
Christophe CHANDEZON
Université de Montpellier III
Matières premières textiles et échanges dans le monde grec
Discussions
Enrico CIRELLI
Università di Bologna
Il mercato di macine in calcare e gesso nell’Appennino tosco-Romagnolo nel Medioevo
Discussions
Table ronde conclusive
Avec la participation de
Catherine VERNA
Université de Paris VIII
Danielle ARRIBET-DEROIN
UMR 8589 (LAMOP, Université Paris I)
Réunion du Comité éditorial du programme