Contexte, axes et objectifs

Contexte :

 Ancrées au cœur du système administratif impérial, les carrières procuratoriennes retiennent depuis plus d’un siècle l’attention des chercheurs. Les études dans ce domaine ont été et continuent d’être menées de façon cloisonnée : les procurateurs équestres d’un côté, les procurateurs affranchis de l’autre. Dans un premier temps, ce sont surtout les procurateurs équestres qui suscitent une curiosité mais de façon disproportionnée selon les critères des charges et les régions. H.-G. Pflaum est le premier à proposer une classification précise et à établir une hiérarchie des différents postes de la carrière procuratorienne équestre. Son travail a permis d’apporter un regard neuf sur le système administratif mais a également mis au jour les difficultés et les limites des restitutions des cursus. Il ouvre par ailleurs la voie des études autour des procurateurs équestres et affranchis, à l’origine d’une production pléthorique qui depuis se décline en monographies et surtout en une multitude d’articles consacrés à un type de fonctions précises ou au parcours de personnages clairement identifiés, donnant lieu à une bibliographie très féconde mais éclatée.

Les procuratèles romaines sont depuis toujours essentiellement abordées par le biais de l’indispensable étude prosopographique. Le programme PROCURATÈLES entend renouveler les approches autour de ces charges dans les provinces occidentales de l’Empire et prendre l’histoire de ce rouage fondamental de l’administration impériale dans sa globalité, non seulement à l’aune de la fonction même, du point de vue des procuratores à travers leurs prérogatives et les stratégies de carrière et de mobilités, mais aussi du point de vue des personnes qui entourent cette charge, personnel subalterne et administrés.

 

Axes et objectifs :

Afin de dépasser les cadres traditionnels des études consacrées aux procuratèles et de faire une place à l’expérience procuratorienne telle qu’elle est vécue non seulement par ces représentants de l’empereur mais également par les individus placés sous leur autorité, le programme s’inscrit dans une approche pluridisciplinaire, à grande échelle et sur le long terme, de ces charges, à la lumière d’une importante documentation disponible nourrie et renouvelée par les récentes découvertes épigraphiques et archéologiques. Il s’articule autour de trois grands axes :

Qu’il s’agisse de procuratèles de gouvernement, financière ou spécialisées dans d’autres missions, nombreuses sont les sources à fournir de précieuses données sur les activités de ces agents du pouvoir. Dans un premier temps, il s’agira d’aborder la question de la nature des charges attribuées aux différents procurateurs et de cerner concrètement les cadres de l’activité procuratorienne ainsi que leur évolution dans le temps, à partir d’analyses comparatives mettant en lumière les dynamiques et les divergences d’une procuratèle à une autre, d’un territoire à un autre.

Le deuxième volet du projet est consacré à la mobilité de ces agents, aussi bien dans la cadre de leur carrière que de leur activité sur le terrain. La question des carrières procuratoriennes ne cesse d’être renouvelée au rythme des découvertes épigraphiques dont l’avantage est, entre autres, de révéler l’identité de procuratores non attestés auparavant, de donner lieu à des ajustements chronologiques dans la datation des postes ou encore de compléter une carrière connue de façon imparfaite. Les cursus donnés dans les inscriptions témoignent d’une administration pénétrée par une grande mobilité de ses agents, au gré des Empereurs et des circonstances. Il s’agira d’aborder la question de la mobilité des procurateurs à la lumière d’analyses comparatives et globales afin d’en déterminer les mécanismes généraux, les mouvements qui relèvent de l’exception et le poids du réseau dans les évolutions de carrières. L’attention est également portée à la circulation de l’information et des hommes, en premier lieu celle des procuratores dans leur circonscription, deux dimensions essentielles des activités de ce personnel impérial.

Les fonctions qui incombent aux différents procurateurs leurs confèrent une autorité temporelle. Loin des carcans de l’administration bureaucratique, les procuratores mènent leurs activités au plus près des communautés, au cœur des réalités matérielles. Nombreuses sont les sources à mettre en lumière cette dimension de leur charge, notamment les inscriptions qui livrent quantité d’informations concrètes sur le déroulement de leur fonction. On dispose également de nombreuses données à travers les sources littéraires. Inauguration de monuments, restauration d’édifices publics, collecte de l’impôt, réception des requêtes pour l’empereur, maintien de l’ordre sont autant de tâches (mais pas les seules) qui font des procurateurs, chacun à leur propre niveau, des agents en contact direct non seulement avec le personnel subalterne qui les accompagne dans leur activité mais également avec les populations présentes dans leur circonscription. Le dernier axe du programme est destiné à l’étude des rapports qu’entretenaient les procuratores avec leurs subalternes, en tant que chefs et avec les administrés - provinciaux, cités, communautés infra-civiques, gentes - en tant que figures d’autorité et représentants du pouvoir impérial.