Un séjour en résidence a cela d’extraordinaire qu’il est un objet vivant. Matière en mouvement, les projets – qu’ils soient de création ou de recherche – prennent corps au fil des mois : ils vivent, se développent, grandissent et parfois, au détour de rencontres ou au gré des découvertes, ils se transforment et emmènent celles et ceux qui les portent vers des horizons aussi nouveaux qu’inattendus.

Avec l’arrivée du mois de mai, les résident.e.s de la Casa de Velázquez entament ainsi la dernière ligne droite de leur parenthèse madrilène. Ce moment si particulier qui, pour beaucoup, coïncide avec celui des dernières touches avant de donner à voir le résultat de leur travail.

Du côté des artistes, comme de tradition, les compositeurs seront les premiers à livrer le fruit de ces mois de création.

Le 23 mai, Benjamin Attahir et Julian Lembke tiendront une place de choix au programme de notre concert annuel et présenteront un aperçu de leurs projets de création en résidence : pour le premier, une réflexion contemporaine autour du Stabat Mater ; pour le second, une réécriture opératique de la pièce de Federico García Lorca, Lorsque cinq ans seront passés. Un concert exceptionnel rendu possible grâce à une étroite collaboration avec le Centro Nacional de Difusión Musical – CNDM et qui, comme chaque année, aura pour écrin l’Auditorium 400 du Museo Nacional Reina Sofía.

Pour le reste de la promotion de l’Académie de France à Madrid, il faudra patienter jusqu’au mois prochain avec l’inauguration de l’exposition ITINÉRANCE le 10 juin, dont nous vous reparlerons très bientôt !

Sur le versant scientifique, le mois sera encadré par deux activités d’un intérêt tout particulier. Tout d’abord, le colloque du programme ABOLITIO autour des victimes de l’abolitio memoriae, conçu en collabortion avec les laboratoires ARTEHIS (Université Bourgogne Franche-Comté), HALMA (Université de Lille) et CREHS (Université d’Artois). Puis, à la fin du mois, l’école thématique Traces et représentations du passé dans les monuments et le patrimoine, fruit d’un travail commun avec l’ANR Ruines (MESHS), le laboratoire CRIHAM (Université de Poitiers et de Limoges), l’École du Louvre et le Centre allemand d’histoire de l’art de Paris.

Un mois riche, également, sur le plan des publications avec deux nouveautés – Le détroit de Gibraltar (Antiquité - Moyen Âge). II et Las distancias en el gobierno de los imperios ibéricos – et la parution du nouveau numéro de la revue Mélanges de la Casa de Velázquez qui inaugure une nouvelle rubrique « centenaire » réunissant des contributions en lien avec notre institution, dans toute sa diversité, autour du lieu, son histoire, son patrimoine et sa communauté scientifique et artistique.

Enfin, toujours du côté des publications et pour conclure cet édito, je souhaite profiter de ces quelques lignes pour souhaiter la bienvenue à Véronique Gilles de la Londe qui rejoint l’équipe de la Casa de Velázquez à la tête de notre service éditorial, après plus de 18 ans d’une belle carrière aux Éditions Bordas. ¡Bienvenida!

Nancy BERTHIER
Directora de la Casa de Velázquez

 

Le détroit de Gibraltar a été progressivement façonné par les pouvoirs qui l'ont dominé, aussi bien à l'aide d'acteurs (gouverneurs, délégués militaires ou civils) que de territoires (cités, ports, arsenaux). Quoique le choix d'une administration propre intégrant ses deux rives ait été l'exception, ce deuxième ouvrage de la série DÉTROIT questionne le rôle de cet espace dans la construction des empires dans la longue durée, de la domination punique jusqu'à la chute de Grenade.

La distance et sa gestion constituent un enjeu fondamental pour comprendre la configuration des monarchies des vastes empires ibériques entre le XVIe et le XVIIIe siècle. Au-delà de la simple séparation physique entre les habitants des territoires européens et ceux des territoires d'outre-mer, cette distance se révèle également sociale, culturelle, politique et même temporelle. Les mécanismes utilisés par les acteurs impériaux pour établir leur domination sur ces vastes territoires, la façon dont ils ont perçu et conçu ces distances, comment ils les ont vécues et comment ils ont gouverné pour les surmonter sont analysés dans cet ouvrage.