Notre connaissance des échanges entre les deux rives de la Méditerranée occidentale est très inégale selon le territoire auquel on a affaire. Depuis un demi-siècle, le "cercle du détroit", tel que défini par l'archéologue M. Tarradell en 1967, fait l'objet d'une attention prioritaire. Grâce à l'évolution des travaux archéologiques et à l'impulsion donnée par la Casa de Velázquez, les liens développés aux époques antique et médiévale dans cette zone qui englobe une partie du sud-ouest de l'Espagne et du Maroc ont été mieux définis. Cependant, quelles sont les relations établies à cette même époque entre le sud-est de la péninsule ibérique et l'Afrique du Nord ?

CERAFRICS se propose d'approfondir ces liens à travers une analyse originale et innovante du matériel céramique dans une région, le Levante, où les importations africaines représentent plus de 50% des contextes de consommation. Le thème choisi s'inscrit pleinement dans le cadre de l'Axe II : Circulations, échanges, réseaux de la Casa de Velázquez, qui fait du Maghreb l'un de ses terrains d'étude privilégiés. En même temps, le problème s'inscrit dans les principaux axes de recherche menés par les PI du projet, Alejandro Quevedo (Université Complutense de Madrid) et Myriam Sternberg (Centre Camille Jullian). L’étude de la pêche et l’identification des espèces qu’elle cible, consommées, conditionnées sur place et/ou commercialisés à plus ou moins longue distance seront particulièrement développées, grâce aux compétences du Centre Camille Jullian dans ce domaine (voir CCJ programme 4 de l’Axe la Mer en partage « La pêche : ressources et nouvelles approches économiques » [https://ccj.cnrs.fr/spip.php?article1851)

Le cadre chronologique de CERAFRICS s'étend de l'Antiquité tardive au Haut Moyen Âge. Les IVe-Ve siècles de notre ère et la période byzantine qui suit constituent un florilège commercial dans le sud-est de l'Espagne. L'arrivée des Arabes est traditionnellement interprétée comme une période de rupture en Méditerranée occidentale en termes de typologie des navires et de commerce. Cependant, les liens forts avec le Maghreb ont été maintenus, avec l'arrivée de nouvelles personnes et de nouveaux modes de consommation. Les données inédites d'Águilas nous permettent d'aborder cette transition pendant la période des émirats (VIIIe-Xe siècle après J.-C.), une période particulièrement mal connue dans le Sud-Est hispanique.

L'accès à du matériel inédit et la bonne relation de travail entre l'équipe franco-espagnole garantissent la viabilité du projet. Le CERAFRICS cherche à développer une recherche d'excellence sur les liens avec le Maghreb à partir de la péninsule ibérique, à l'heure où les déplacements hors d'Europe deviennent plus compliqués en raison de l'urgence sanitaire.


Les principaux objectifs de CERAFRICS sont :

- Caractériser au niveau typo-pétrographique les productions céramiques nord-africaines exportées vers la péninsule ibérique et étudiées dans une perspective globale (vaisselle fine, luminaires, cuisine et récipients de stockage et de transport).

- Analyser des phénomènes tels que le recyclage et la réutilisation de récipients africains en fonction de leur contenu, ainsi que l'imitation de la céramique africaine, en particulier la céramique de transport, dans le sud-est de la péninsule ibérique.

- Quantifier le volume des différentes productions du faciès de consommation et la relation import/export entre la période romaine et la période émirienne, préciser leur chronologie et leur fonctionnalité et étudier leur diffusion.

- Elaborer une première synthèse des réseaux commerciaux entre les deux rives de la Méditerranée occidentale à partir de données inédites, en accordant une attention particulière aux productions céramiques moins connues de l'Algérie, tant à l'époque romaine que médiévale.

-Identifier les produits piscicoles pêchés, arrivés ou conditionnés dans le port d’Aguilas, identifier les types de conservation et de stockage utilisés.