SORORES. Les religieuses non cloîtrées en Europe du Sud, XIIe-XVIIIe siècle
 

Les religieuses non cloîtrées ont eu un rapport particulier avec l’Eglise, qui promut sans relâche, surtout à partir du XIIIe siècle, la vie cloîtrée pour les femmes. Les autres formes de vie religieuses féminines (béguines, beatas, bizzoche, pénitentes, tertiaires) n’ont pourtant jamais disparu, et peut-être sont-elles justement devenues plus visibles, par contraste, du fait de l’importance donnée à la clôture. La présence, souvent massive, de ces femmes dans les villes européennes (des béguinages comptant jusqu’à mille cinq-cents béguines en Flandre à la fin du XVe siècle, 195 beaterios à Tolède à la même époque), leur symbiose avec la société (familles, institutions laïques et religieuses locales), la continuité de leur existence entre le Moyen Âge et l’Époque moderne, sont autant d’éléments qui contredisent l’approche classique qui les assimile à des marginales. Ces éléments démontrent aussi que l’institution ecclésiale n’était pas la seule source de légitimation pour de telles communautés. La perspective du projet Sorores allie la longue durée (XIIe–XVIIIe) à un point de vue comparatif entre différentes régions européennes, et en particulier méditerranéennes, ainsi qu’à l’examen de sources nouvelles et diversifiées. Elle permettra des avancées majeures sur un sujet qui doit aujourd’hui faire l’objet d’une relecture innovante et rigoureuse, en rupture avec l’historiographie traditionnelle de l’histoire des ordres religieux.

Légende image : Saint Hedwig Offering Hospitality; Saint Hedwig Presenting Her Daughter Gertrude to the Convent of Trebnitz (Paul Getty Museum, Ms. Ludwig XI 7, f. 18v)

Lien vers carnet hypothèse : https://sorores.hypotheses.org/