L’État impérial et ses agents (axe 1)

Axes

Responsable: Jean-Philippe Luis
Professeur à l’université de Clermont-Ferrand

Une approche quantitative de la présence administrative

Cette enquête propose une évaluation du nombre des agents de l’État et de son évolution dans chacun des territoires, en précisant le poids de chacun des services. On précisera aussi souvent que possible la part des employés titulaires (de « nomination royale » dans l’empire espagnol), et la part de ceux que l’on nommerait en terme moderne des contractuels. L’évolution de ce poids quantitatif s'opère en faisant porter l’enquête sur des moments pertinents : pour les territoires espagnols issus de la monarchie universelle, à la fin de l’Ancien Régime, dans les années 1860, puis à la veille des indépendances. Les résultats seront retranscrits par une cartographie la plus détaillée possible de la présence administrative, projet qui n’a jusqu’à maintenant jamais été réalisé. 
L’attention sera aussi portée sur la présence des employés issus de l’élite des sociétés locales. Ainsi, dans les Indes portugaises, les élites locales chrétiennes (de caste brahmane et ksatrya) profitent de la création d’un lycée et d’une école de médecine pour s’imposer à tous les niveaux de l’administration, pour être recrutées dans les administrations des grandes capitales de l’Inde britannique, et même ensuite pour compenser les défaillances de personnel colonial qualifié dans les autres territoires de la couronne, en particulier le Mozambique, Timor et Macao. Dans les Antilles espagnoles, de nombreux indices laissent supposer une augmentation de la part des officiers d’origine antillaise qui reste à confirmer et à évaluer.

Une étude des ministères d’outre-mer

Jusqu’en 1863, les colonies espagnoles sont confiées à des organes centraux dont la dénomination ne cesse de changer : Secretaría del Despacho de la Gobernación del Reino para UltramarMinisterio Universal de IndiasSecretaría del Despacho de Marina, Comercio y Gobernación de Ultramar, Dirección General de Ultramar dépendant de la présidence du Conseil des Ministres, sans compter les brèves périodes où les différentes compétences sont réparties entre les ministères métropolitains respectifs. Dans les faits, la politique coloniale est largement abandonnée aux capitaines généraux. 
La création du ministère de l’Outre-mer en Espagne en 1863 a pour objectif de parvenir à une « unidad de pensamiento y sistema » de la politique coloniale métropolitaine et, indirectement, de mieux contrôler les administrations insulaires. Même si les gouverneurs généraux continuent de jouir d’une très large autonomie, et même si certaines compétences essentielles (Estado, Guerra et Marina) échappent au ministère, la structure adoptée est une adaptation fidèle, à son échelle, de celle de l’administration de l’État. 
Notre enquête comprend deux volets. Le premier est une étude prosopographique de l’Outre-mer espagnol pour lequel nous disposons déjà d’une solide étude institutionnelle sur laquelle nous pourrons nous appuyer. L’attention sera portée sur les fonctionnaires du ministère entre le milieu des années 1880 et le milieu des années 1890. 
Le second volet de l’enquête porte sur le devenir de ces employés après les indépendances de 1898. La signature de traité de Paris en décembre 1898 sonne le glas de la souveraineté espagnole sur Cuba, Porto-Rico et les Philippines. Quelques mois plus tard (décret royal du 25 mars 1899), le Ministère de l’Outre-Mer est dissous. En terme de personnel, la liquidation de l’essentiel de l’empire pose en effet deux problèmes urgents jamais étudiés : le rapatriement des centaines de fonctionnaires en poste aux colonies et, pour ces derniers comme pour les employés du ministère, leur éventuel reclassement dans les administrations métropolitaines.
Pour l’empire portugais, le Ministerio da marinha e ultramar  est créé à la fin du XIXe devient en 1910  Ministerio da Marinha e colonias. L’indépendance du Brésil en 1822 et l’incapacité du Portugal à développer ses territoires de l’océan Indien au XIXe siècle, transforment progressivement l’Inde portugaise et Macao en périphérie des principaux pôles économiques britanniques de cette période : Bombay et Hong Kong. En Asie, enclavée dans une Inde annexée puis colonisée par les Britanniques à partir de 1802, l’Inde portugaise doit au XIXe siècle gérer à la fois son intégration continentale dans une Inde britannique qui se structure (routes, courrier, lignes maritimes, industrialisation) et les mutations nationales de sa politique administrative.

Membres de l´axe 1:

Jean-Philippe Luis 
Mimoun Aziza
María Fernanda Bicalho
Ernestine Carreira
Gonzalo Álvarez Chillida
Dominique Goncalves
Luis de Oliveira
Inés Roldán