Sara KAMALVAND

Architecture








Sara Kamalvand est architecte diplômée de l’École Spéciale d’Architecture de Paris. En 2012 elle fonde HydroCity, une plateforme de recherche basée au Canada, afin de développer des travaux autour du qanat, une infrastructure d’irrigation ancestrale et abandonnée en Iran, pour laquelle elle a produit des workshops, conférences, expositions et publications. 

Son travail questionne la réorientation des protocoles urbains et les scénarios alternatifs autour des infrastructures, des ressources et de l’espace public. Dans cette logique, le processus de conception architecturale sert de méthode pour trouver des nouvelles pratiques ou formes, en générant une recherche critique par le biais de travaux de conception englobant des projets réalisés, des propositions, des réalités possibles et des alternatives. 

Son travail a été exposé à la fondation Nicolas Michelin, au Musée d’Art Contemporain de Téhéran, au Kunstfort d’Amsterdam. En 2018 elle a été sélectionnée pour la Manifesta12 pour travailler sur les qanats de Palerme. 

Sara Kamalvand a été professeure invitée à l’École Spéciale d’Architecture de 2015 à 2018 et a enseigné à l’École de Paysage de Versailles. Elle a également effectué plu-sieurs séjours en résidence : à la Cité Inter-nationale des Arts à Paris, au Centre Inter-national de Cerisy et à la fondation LUMA.

 

Projet en résidence

La ville de Madrid aurait été fondée au IXe siècle sous le règne des Abbassides. Construite sur des sources d’eaux souterraines, le nom même de la ville dériverait de matrice — « la mère » — ou plus littéralement encore de Magerit, signifiant « ruisseau » en arabe. Le projet en résidence de Sara Kamalvand prend ainsi sa source aux origines mêmes de la ville, autour de la question de l’eau, à travers la lecture d’un réseau souterrain, ancestral et invisible. 

Cette infrastructure antique, le qanat ou viaje de agua en espagnol, inventée en Iran il y a plus de trois mille ans, est évoquée dans le traité d’Architecture de Vitruve en 18 av J.C. Elle apparaît par la suite au Moyen Âge entre Orient et Occident, sur une bande aride entre Séville, Marrakech et la Chine en passant par la voie maritime de Palerme et Chypre, reliant ainsi une série de villes-jardins médiévales constituant la Route de la Soie.

Ces canaux souterrains creusés à la main captent les eaux profondes par infiltration et capillarité. Les qanats de Madrid ont donné naissance aux jardins et ont alimenté les fon-taines publiques pendant plus de huit siècles avant d’être abandonnés.

Aujourd’hui, alors que Madrid fait face à une pénurie d’eau, cette infrastructure continue à irriguer les voies souterraines de manière passive et ininterrompue. 

En étudiant ce tracé invisible et originel de la ville, Sara Kamalvand entreprend un travail proche de celui de l’archéologue. En lisant ces ruines invisibles, elle part à la reconquête d’un patrimoine oublié, déchiffrant ce palimpseste urbain à la recherche des traces indestructibles des sociétés qui s’y sont succédé et s’y succéderont encore. 


hydrocity.ca

 

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01/03/2022 - Français