Notions

Disciplines

Interdisciplinarité

La pratique de l’interdisciplinarité et la réflexion théorique sur les mutations actuelles des champs disciplinaires sont au cœur des trois axes d’études proposés, conçus pour générer des approches transversales concrètes entre toutes les aires des sciences humaines et sociales et pour proposer un laboratoire d’expérimentation scientifique qui répond à l’orientation majeure de la politique d’excellence scientifique de la Casa de Velázquez. Il ne s’agit aucunement de convoquer une à une les disciplines des sciences humaines et sociales pour disserter sur un objet d’étude, mais bien de croiser les approches et les données fournies par chacune d’elles avec l’objectif de créer un dialogue fécond et de produire un discours scientifique rénové.

Le partage concerne également les outils méthodologiques et les concepts maniés, autorisant par là même l’exploration de nouvelles voies épistémologiques. Sera privilégié le recours aux supports et aux développements offerts par les TIC (de la simple base de données au Système d’Information Géographique, en passant par les analyses factorielles ou spatiales et les humanités numériques) pour rassembler, interroger et mettre en forme, voire cartographier, les données obtenues par les différentes études. Cette approche quantitative devrait permettre d’accroître sensiblement la qualité du discours scientifique, mieux renseigné.

Temps

Diachronie

Dans le sillage du précédent plan d´études quinquennal qui renforçait la coopération entre les deux directions des études (antique et médiévale / moderne et contemporaine) nous proposons de privilégier le temps long de la diachronie. L’inscription d’une analyse scientifique sur le temps long présente plusieurs avantages : premièrement, l’appréhension du rythme ou de la respiration d’un phénomène historique, marqué par des évolutions, des ruptures ou des périodes de stabilité, permet de le saisir dans sa globalité et de le confronter à des contextes sociopolitiques, économiques ou culturels divers ; deuxièmement, la longue durée permet de dépasser les clivages, par trop européocentristes, qu’impose notre périodisation historique.

En adoptant l’angle de vue de l’Autre, les repères changent et les marqueurs s’en trouvent redéfinis ; troisièmement, le caractère transpériode permet un travail sur la mémoire, sur le retentissement d’un fait historique et sur les évolutions qui s’ensuivent. Au-delà de son intérêt heuristique, le recours à la longue durée, au cœur de la démarche braudélienne, est particulièrement pertinent au moment de répondre aux appels à projets, tout spécialement européens : ceux-ci s’ancrent certes dans une réalité historique passée mais invitent le plus souvent à la prise en compte de sa résonance dans le façonnement du présent.

Espaces

Approches multiscalaires

L’ancrage spécifiquement hispanique de l’EHEHI a vocation à ouvrir son champ d’étude à une coopération scientifique internationale de haut niveau, tout particulièrement en direction du Maghreb et de l’Amérique latine. Les trois aires de compétence de la Casa de Velázquez, que sont la péninsule Ibérique, le Maghreb et l’Amérique latine, partagent à certaines époques une histoire commune. Tant l’espace africain que l’espace atlantique sont abordés, non pas pour eux-mêmes, mais par le biais des liens séculaires qu’ils ont tissés avec la péninsule Ibérique ; autrement dit, ils sont appréhendés depuis ou, bien plus encore, en relation avec la péninsule Ibérique.

En effet, ces territoires, et les espaces maritimes qui les séparent, ont développé au fil des siècles un dialogue permanent, d’une densité telle qu’il en est venu à territorialiser certaines de ces « plaines liquides » (golfe ibéro-marocain, espace atlantique), aidé par des relais portuaires positionnés en vis-à-vis. Ce dialogue s’exprime au travers de flux, de circulations (de biens et de personnes), d’échanges (matériels et immatériels), constituant parfois des réseaux internationaux. Cette réticularité invite à mobiliser les approches développées par l’histoire connectée et l’histoire globale. Une approche multiscalaire, avec un va-et-vient continu entre des études de cas régionaux et l’ambition d’une histoire-monde1, évitera de se couper des contextes historiques.

1  Patrick BOUCHERON,  Nicolas DELALANDE, Pour une histoire-monde, Paris, PUF, 2013.