Le marché des matières premières dans le bassin méditerranéen (Antiquité et Moyen Âge)

Présentation générale

Le rôle du marché dans les économies anciennes a fait l’objet ces dernières années d’une attention renouvelée et de débats parfois passionnés. Si de très nombreux aspects du marché ont été explorés, notamment les conditions mêmes de son existence, son rôle social et/ou économique ; si plusieurs approches ont été privilégiées (notamment, en histoire médiévale, la dimension anthropologique de l’échange), si, enfin, l’observation s’est portée à différentes échelles (sur des périodes parfois étroites ou des espaces régionaux plus ou moins amples), il est remarquable de constater que les réflexions se sont principalement fondées sur l’étude de quelques objets (certes fondamentaux comme la terre) ou quelques produits (comme la pierre) essentiellement agricoles ou manufacturés.

Approfondir cette enquête tout en proposant une recherche plus ciblée, tel est le point de départ du programme sur le « Marché des matières premières », à même de permettre d’approfondir efficacement l’analyse du fonctionnement des marchés d’ancien régime en articulant les données et les méthodes, en prolongeant les questionnements et les problématiques de chacun des champs concernés.

Le choix des matières premières tient à deux raisons principales :

  • l’une est que ces produits, à l’exception de quelques produits considérables (comme les métaux), n’ont pas fait jusque là l’objet d’enquêtes approfondies et systématiques alors qu’ils ont joué un rôle important dans l’essor des sociétés anciennes ;
  • l’autre est que les données produites sur les matières premières, à différentes échelles, par l’analyse de la documentation écrite et des archives du sol ont été élargies ces dernières années en particulier par leur intégration dans les programme d’équipes pluridisciplinaires de dimension européenne/méditerranéenne et paraissent désormais suffisamment nombreuses pour autoriser une approche d’ensemble cohérente.

Nous nous proposons donc de réfléchir sur les échanges de toute une gamme de produits, dans la partie occidentale du bassin méditerranéen (éventuellement au-delà), pour une période de près de 1500 ans. L’objectif n’est pas tant de revisiter les grands courants d’échange qui ont animé le commerce méditerranéen que de se donner les moyens d’appréhender les formes sociales (matérielles, mentales…) des transactions concernant certains des produits échangés : ceux qui ont joué un rôle premier dans des processus de production parfois complexes.

Ce programme a été mis en place à l’initiative de l’École des Hautes Études Hispaniques et Ibériques de la Casa de Velázquez et de l’École française de Rome. D’une durée de trois ans (2013-2015), il s’inscrit dans l’un des domaines de recherche du contrat quinquennal de chacune des deux institutions, « La production sociale des marchés » pour la première et « Parcours et échanges en Méditerranée » pour la seconde. Il compte d’autre part avec l’appui du LAMOP (UMR 8589) et de l’Università Ca' Foscari di Venezia (Dipartamento di Studi Umanistici).