MIRACLE - Présentation générale

 

L'objet votif est éminemment pluridisciplinaire parce qu'il intervient dans différentes disciplines composant les sciences humaines et sociales, comme l'histoire, l'anthropologie, la sociologie et l'histoire de l'art, mais il permet aussi d'établir des liens au sein de ces mêmes domaines en croisant par exemple l'anthropologie des techniques et celle du religieux, parce qu'il interroge et relie divers champs de la connaissance telles les études sur la religion, la culture matérielle et les études visuelles. À la croisée de ces disciplines et les traversant toutes, l'ex-voto interroge le rôle des objets et de leur matérialité dans les réseaux de connexions établis entre les humains et les non-humains. Loin d'une vision dichotomique opposant le monde des objets à celui des êtres vivants, il s'agit d'analyser « l'interobjectivité » qui réunit l'ensemble de ces acteurs (Latour, 1994). Le réseau de connexions ainsi constituées favorise l'étude d'hybrides, dont l'objet votif constitue lui-même une mise en abyme. En effet, l'ex-voto est déjà en soi un objet hybride à plusieurs égards : objet témoin, il prend la forme que le dévot veut bien lui donner, à condition qu'il ait un lien avec le miracle, par-là s'explique la pluralité formelle de l'objet votif ; extrait la plupart du temps du quotidien et de fabrication industrielle, l'ex-voto est un objet profane qui passe dans la sphère du sacré par la promesse que fait le croyant promet de l'offrir au divin. L'objet votif se caractérise alors par une hybridité formelle et fonctionnelle en tant que vecteur entre le monde profane et le monde sacré. Hybride dans son origine et sa fonction, il permet d'établir toute une série de connexions entre des catégorisations, qui sont habituellement distinguées : artisanat/objet d'art, religion/esthétique, patrimonialisation/dévotion, humain/non-humain/divin, culture savante/culture populaire.

Plus qu'un objet, l'ex-voto est le résultat matériel d'une démarche invisible, celle d'un appel et d’une promesse faite au divin, qui est remercié pour son intervention par un objet ou par une action qu'on lui a promis au préalable et qu'on apporte en son sanctuaire en échange du miracle obtenu. L'objet votif est donc la marque matérielle de flux invisibles, qui se font sous la forme de don et de contre-don entre les humains et des divinités.

L'ex-voto est à la croisée des chemins du savoir et des champs disciplinaires. Son analyse favorise une réinterprétation des pratiques religieuses, culturelles, visuelles à l'aune du prisme de l'objet considéré comme un acteur générant des flux, tissant des réseaux et des connexions structurant nos sociétés et nos relations au monde. L'objet votif est donc un agent du miracle, un vecteur actif, un actant doté d'un pouvoir efficace, qui crée de multiples connexions entre les humains et les non-humains mais aussi entre des catégories trop souvent dissociées. C'est donc un objet qui permet d'interroger les domaines dans lesquels il intervient à l'aune de l'efficacité de l'image objet grâce à sa matérialité à la fois visuelle et technique, et qui favorise des connexions entre cultures matérielle et immatérielle par ses interactions avec le sacré. [Pour le résumé : C'est dans ces perspectives que travaille chacune des équipes dans des pays différents et qui nécessitent l'appui d'un IRN pour mettre en commun leurs analyses sur l'ex-voto. Si ce travail de partage est déjà effectif entre l'Europe et le continent américain, il s'agit de lui donner toute sa mesure notamment avec le Japon et les pays du Moyen Orient.