Argumentaires

Tel qu'il s'affirme dans la première moitié du XIXe siècle et au delà, le républicanisme est généralement considéré comme une culture politique issue de la Révolution française et héritière du jacobinisme. Reposant sur les principes du droit naturel et sur la souveraineté nationale du peuple, il est clairement distingué d'un républicanisme d'Ancien Régime, fondé sur la vertu civique et le principe de l'équilibre des pouvoirs, qui s'est développé dans les États-cités républicains depuis le Moyen-Âge, mais qui semble s'épuiser avec l'émergence des sociétés commerciales et de la Liberté des Modernes. L'Ecole dite « de Cambridge », a rappelé la distinction entre ces deux traditions républicaines, mais aussi porté au jour la perpétuation et la rénovation de l’ancien dans le moderne, la complexité et le chevauchement des héritages, même si dans cette reconstruction la Révolution française reste largement absente. Plusieurs études récentes soulignent ainsi la référence persistante que constitue le républicanisme de la vertu au XIXe siècle et invitent à interpréter le libéralisme comme un héritier (infidèle) du républicanisme.

Par ailleurs, le développement d'une perspective transnationale dans l'historiographie des cultures politiques post-révolutionnaires, en attirant l'attention sur le fait que celles-ci se nourrissent d'incessants échanges intellectuels avec l'étranger, conduit à nuancer l'irréductible originalité du républicanisme issu de la Révolution française, et suggère plutôt qu'il participe d'un mouvement de globalisation des idées et des pratiques politiques du premier XIXe siècle, génériquement définies comme libérales. Mais un tel décloisonnement historiographique porte également à réévaluer l'apport à l'évolution des idées politiques modernes d'aires géographiques traditionnellement considérées comme marginales, en particulier l'Amérique latine et l'Europe méridionale, tout en remettant en cause la dépendance intellectuelle à la France et à l'Angleterre des cultures politiques qui s'y développent. A cet égard, quelques travaux récents invitent à reconsidérer l'importance de l'espace méditerranéen pour l'évolution transnationale du républicanisme à l'époque contemporaine.