Présentation générale


Le programme Hubert Curien Maghreb « Désert : la frontière méridionale du Maghreb à l’époque antique et médiévale, espace de confins et territoires d’échanges » réunit des historiens et des archéologues – séniors et juniors –, travaillant en Europe et au Maghreb, autour de l’étude de la frontière méridionale du Maghreb aux périodes antique et médiévale. Il s’inscrit dans la continuité des réflexions ouvertes par le programme commun des Écoles françaises de Méditerranée et de la Maison Méditerranéenne des Sciences de l’Homme, lancé en 2003 à l’initiative de la Casa de Velázquez, sur « Les sociétés méditerranéennes devant le risque », dont il propose un prolongement original.

Le risque est une construction sociale, prise ici dans une acception large incluant toutes les formes de risque : ceux imputés au milieu naturel désertique et ceux liés à la position de frontière. Avec l’Empire romain, fut établie pour la première fois sur la bordure septentrionale du Sahara une frontière définie institutionnellement et relevant d’un seul État. La bordure saharienne du Maghreb ne forme pas toutefois un milieu uniforme. La frontière, entendue comme une construction géopolitique décidée et imposée par l’homme, y apparaît comme un espace mouvant, perçu tantôt comme une zone de contact, tantôt comme un espace de dissidence, au cours des périodes antique et médiévale. Le milieu aride qui caractérise la région et constitue le dénominateur commun sur la longue durée, contribue à exacerber le sentiment du risque lié à la frontière, traditionnellement vue comme un principe de précaution.

La question qui se pose alors est celle de savoir si le milieu aride fut aussi contraignant, et systématiquement perçu comme tel, sur l’ensemble de la période allant de l’Antiquité au Moyen Âge. En effet, les confins désertiques de l’Afrique du Nord ont constitué une région de contacts entre le Maghreb et l’Orient, l’Afrique subsaharienne et la Méditerranée. Ils sont devenus entre l’Antiquité et le Moyen Âge une frontière majeure du monde méditerranéen, qui permit de faire émerger l’Afrique subsaharienne dans l’histoire de la Méditerranée. L’analyse de ce processus constitue l’axe programmatique du projet.