Coord. : Antonio ALMEIDA MENDES (Université de Nantes, CRHIA), Stéphane MICHONNEAU (École des hautes études hispaniques et ibériques, Casa de Velázquez, Madrid), Clément THIBAUD (Université de Nantes, CRHIA)
Org. : École des hautes études hispaniques et ibériques (Casa de Velázquez, Madrid), Programme associé STARACO (STAtuts, « RAce » et COuleurs dans le monde atlantique de l’Antiquité à nos jours), Université de Nantes - CRHIA, Région Pays de la Loire
Lieu de célébration :
Casa de Velázquez
C/ de Paul Guinard, 3
28040 Madrid
Présentation
Le projet STARACO (STAtuts, « RAce » et COuleurs dans le monde atlantique de l’Antiquité à nos jours), financé par la Région Pays de la Loire, et l'École des hautes études hispaniques et ibériques (Casa de Velázquez, Madrid) proposent un soutien à la participation de doctorants et post-doctorants (Europe, Afrique, Amériques) aux cours d’été qui se dérouleront à Madrid du 23 au 27 juin 2014 sur « Droits des minorités de ‘race’ et de couleur dans l’Atlantique de l’Antiquité à nos jours ».
Ce projet est coordonné par Antonio de Almeida Mendes, Maître de Conférences en Histoire moderne, Clément Thibaud, Maître de Conférences en Histoire contemporaine et Stéphane Michonneau, directeur des études pour les époques moderne et contemporaine à la Casa de Velázquez.
Pendant des siècles, les minorités ont été définies par un statut juridique qui précisait leur place dans la société par rapport aux groupes majoritaires. Le cas le plus connu est celui de l’esclavage, proche de la mort civile, assimilant les individus à des choses ; on sait néanmoins que l’esclave pouvait jouir, le cas échéant, d’une capacité juridique en vertu de la nature juridictionnelle (et donc jurisprudentielle) du droit ancien. Les minorités libres, qu’elles soient religieuses, « raciales » ou ethniques, étaient également définies par des droits particuliers qui précisaient les incapacités dont elles étaient frappées, et les privilèges éventuels qui les protégeaient en tant que mineurs juridiques. Il s’agit de suivre la mise en place d’un droit destiné à définir le statut, les obligations et les incapacités des minorités en éclairant l’origine de ces systèmes normatifs et leur évolution dans le temps.
Trois thématiques principales structurent ces journées :
a) Droit et statuts
La perspective de longue durée, comparative, permet de s’attacher aux transformations des formes de discrimination légale pour en établir la généalogie jusqu’à nos jours. Mais l’étude des lois n’est pas suffisante, comme l’a amplement montré l’histoire sociale. Il faut comprendre comment les sujets individuels ou collectifs font usage du droit comme d’une ressource stratégique dans leurs pratiques quotidiennes comme dans les situations exceptionnelles, et comment ces pratiques redéfinissent les normes par leur insertion dans la jurisprudence. La prise en compte des usages de la loi complexifie ainsi le tableau des discriminations en signalant les espaces de négociation où, d’une certaine façon, la règle peut être remise en question : l’on sait combien les minorités ont eu recours aux tribunaux pour faire valoir (et donc faire reconnaître) des droits face à leurs maîtres ou patrons, jouant de la protection des autorités publiques contre les élites locales.
b) Droit et citoyenneté
Après des siècles de minorisation juridique, avec l’expansion de la citoyenneté aux libres de couleur, aux Indiens puis aux anciens esclaves, les cadres de la loi changent peu ou prou partout dans l’espace atlantique, même si l’accession à l’égalité connaît des chronologies distinctes selon les continents. Toutefois, l’accession au statut de citoyen efface rarement d’un coup l’ensemble des incapacités juridiques anciennes : il convient de mieux préciser le processus d’intégration au statut commun avec ses éventuels conflits en comparant les expériences des deux côtés de l’Atlantique et en signalant comment celles-ci s’articulent. Il est également fondamental de mieux comprendre les modalités de l’action des minorités pour accéder à la citoyenneté.
c) Permanences postcoloniales
Les expériences coloniales montrent combien le problème des permanences postcoloniales du stigmate sous l’angle économique (maintien des hiérarchies dans le domaine de la vie économique), culturel (continuité du préjugé et du racisme), juridique et politique s’inscrit dans une longue durée. L’insertion des populations non européennes dans le cercle de la citoyenneté fut vécue comme une promotion dans les hiérarchies de l’honneur. On peut se demander si cette révolution de l’égalisation statutaire, par assimilation des populations d’origine européenne et non-européenne au même statut, n’a pas produit d’effets en retour (on pense à la distinction entre citoyens actifs et passifs qui, dans l’espace atlantique multiethnique a reconduit la ligne de couleur entre blancs et non blancs). Quelles furent les dynamiques politiques qu’ont suscitées ces nouvelles discriminations politiques ou légales au cœur de systèmes libéraux et des régimes républicains ?
Conditions de soumission
Les propositions de communication devront être rédigées dans l’une des langues de travail des cours d’été (anglais, espagnol, français, portugais). Les travaux sélectionnés seront ensuite commentés par des chercheurs seniors. La compréhension du français est souhaitée.
Modalités de soutien
Les doctorants et post-doctorants dont les travaux seront retenus s’engagent à assister à l’intégralité des activités collectives organisées dans le cadre de ce cours d’été qui aura lieu du 23 au 27 juin 2013. En contrepartie, le projet STARACO et la Casa de Velázquez prendront en charge les frais de transport, d’hébergement (5 nuits) et de restauration (petits déjeuners, déjeuners, deux dîners).
Comité de sélection
Les trois coordinateurs du projet, Antonio de Almeida Mendes, Maître de Conférences en Histoire moderne, Clément Thibaud, Maître de Conférences en Histoire contemporaine et Stéphane Michonneau, directeur des études pour les époques moderne et contemporaine, assureront la sélection des travaux.
Calendrier et dépôt des candidatures
• Diffusion de l’appel à communication : fin mars 2014
• Date limite de dépôt des propositions de
communication : 15 mai 2014 (minuit)
• Réponse : 20 mai 2014
Merci d’envoyer un dossier de candidature comprenant un curriculum vitae détaillé et une proposition de communication (une page maximum) par voie électronique à nicolas.terrien@univ-nantes.fr
Programme
MARDI 24 JUIN
9h-9h30
Ouverture
Michel BERTRAND
Directeur de la Casa de Velázquez
Introduction
António DE ALMEIDA MENDES
Université de Nantes
et Clément THIBAUD
Université de Nantes, CRHIA
9h30-13h
COULEURS ET STATUTS : AFRIQUE - AMÉRIQUES
Jean SCHMITZ
École des hautes études en sciences sociales (Paris)
Les élites serviles face à la « macule de l’infidélité » en Afrique de l’Ouest musulmane (Maroc, Mauritanie, Sénégal)
Celine FLORY
École des hautes études en sciences sociales (Paris)
Être « immigrant engagé » dans les sociétés post-esclavagistes françaises : un statut au service de l'économie coloniale (XIXe siècle)
Débat
Izaskun ÁLVAREZ CUARTERO
Universidad de Salamanca
Que los indios no trabajen sino de sol a sol: tráfico, reglamentos y contratos de los indios mayas en Cuba
Débat
15h30-19h
ATELIERS DE DOCTORANTS
Yann TOUZET
Université Paris 4
Les jésuites et le droit au salut des esclaves noirs bozales dans le monde atlantique au XVIIe siècle : la lutte contre l'invalidité des baptêmes de la traite
Jessica PIERRE-LOUIS
Université des Antilles et de la Guyane
Loi, magistrats et libres de couleur dans la Martinique au XVIIIe siècle
Commentaires
Henri MÉDARD
Manon LEMAIRE
Université de Nantes
La soumission des populations mayas du XXe et du XXIe siècle dans le cadre de l'État-nation mexicain
Philippe-André RODRIGUEZ
Exeter College (Oxford)
Aux origines épistémologiques du racisme moderne : la limpieza de sangre, le Nouveau Monde et l'initiative scientifique comme autorité juridique
Commentaires
Elisabeth CUNIN
Giulia BONNAZZA
Università degli Studi di Padova
Les échos du débat abolitionniste anglo-français et les derniers cas d’esclavage dans les États italiens pré-unitaires (1789-1848) : les cas de Naples et Caserte
Leticia CANELAS
Universidade Estadual de Campinas
« Ils sont de vrais hermaphrodites politiques : ils ne sont pas libres, et ils n'ont pas de maître » : les patronés et le droit à l'affranchissement dans les dernières décennies de l'esclavage en Martinique
Commentaires
Céline FLORY
MERCREDI 25 JUIN
9h30-13h30
ESCLAVAGES ET METISSAGES : AFRIQUES - AMERIQUES
Henri MÉDARD
Aix-Marseille Université
Comment nommer les esclaves en Afrique de l'Est et dans l'Océan indien
Alain MESSAOUDI
Université de Nantes
Historicité d'une minorité nationale en Afrique du Nord : le cas des Algériens
Débat
Luis Miguel CÓRDOBA OCHOA
Universidad Nacional de Colombia (Medellín)
Entre el rigor y la disimulación frente a la resistencia de indígenas y esclavos africanos en la gobernación de Santa Marta entre 1580 y 1640
Elisabeth CUNIN
Université de Nice
« Étranger noir », politiques migratoires et accès aux droits dans le Territoire de Quintana Roo, 1902-1940
Débat
15h30-19h
ATELIERS DE DOCTORANTS
Amadou DRAME
Université de Dakar
Être musulman en contexte colonial : les interprètes saint-louisiens du bureau des Affaires politiques et le combat contre l’application intégrale du code civil français dans la colonie du Sénégal
Richard CHATEAU-DEGAT
Université des Antilles et de la Guyane, CIRESC
La Peur du retour à l’esclavage dans les sociétés antillaises sous le régime de l’État français (1940-1943) : de la mémoire et des faits – lieux de rencontre
Commentaires
Jean SCHMITZ
Dimitri DARDILLAC
Université Paris 3
Noirs, indigènes et chinois au Pérou, de l'égalité statutaire (1854) à une citoyenneté active (1872)
Alexandra ALVARO CORTÉS
Universidad Complutense de Madrid
Población afrodescendiente en la Luisiana de época española
Commentaires
Sandra GUIDOBONO
Antonio FUENTES BARRAGÁN
Universidad de Sevilla
Entre el derecho y la realidad: rupturas de las barreras socioétnicas en el virreinato del Río de la Plata
Selina GUTIÉRREZ AGUILERA
Universidad de Sevilla
Algo más que un color: mestizaje y género entre los límites sociales y legales en el Buenos Aires virreinal
Commentaires
Izaskun ÁLVAREZ CUARTERO
JEUDI 26 JUIN
9h30-13h30
RACE ET CITOYENNETE : AFRIQUES - AMERIQUES - EUROPE DU SUD
Idrissou ALIOUM
Université de Yaoundé I
Mactoubé lamido ou les dignitaires esclaves au Cameroun septentrional : histoire et actualité d'une institution servile
Sandra OLIVERO GUIDOBONO
Universidad de Sevilla
Etnia, clase y calidad: entre el derecho y el consenso social. La sociedad porteña colonial
Débat
António DE ALMEIDA MENDES
Université de Nantes
1789 : la fin de l’Ancien monde ? Citoyenneté et esclavage au Portugal
Clément THIBAUD
Université de Nantes
La citoyenneté par les privilèges et l’égalité civile en Amérique hispanique (1750-1830)
Débat
VENDREDI 27 JUIN
9h30-13h
ATELIERS DE DOCTORANTS
Juan José HEREDIA NEYRA
Université de Paris-Ouest Nanterre La Défense
El chino expiatorio vs. El chino trabajador
Commentaires
Luis Miguel CÓRDOBA OCHOA
Nina SALOUÂ STUDER
Universität Zürich
The Dissolution of the Green Fairy: Race, Law and Absinthe Prohibition in North Africa
Commentaires
Alain MESSAOUDI
Allan YVART
Université de Nantes
Les premiers modèles d’occupations européens en Sénégambie. Traites atlantiques et métissages : le cas des intermédiaires « métis » à Gorée (1677-1789)
Maria Paula BASTIÃO
Universidade de Lisboa
Na Ilha de Moçambique de Setecentos: transmigração e processos de integração entre África, o Índico e o Atlântico (1770-1830)
Commentaires
Idrissou ALIOUM
12h-13h
Conférence de clôture
Ibrahima THIOUB
Université de Dakar
Stigmates et mémoires de l’esclavage en Afrique de l’Ouest : le sang et la couleur de peau comme lignes de fracture